Je pense toujours que chaque phase de mon travail n'a jamais été à sa place. Insatisfaction motrice la plupart du temps, mais parfois décourageante. Ces différents objets en plastique furent pour moi une expérience artistique difficile à la limite du renoncement. J'ai trouvé une forme de réponse en travaillant sur le mythe de Méduse. La création est aussi une entreprise stratégique de contournement de la cible, par le regard et par le déplacement dans l'espace. J'ai donc accepté de laisser proliférer une forme capitale aux excroissances proliférantes pour que puisse se faire l'expérience d'une création qui s'oublie dans le labeur et la séduction chromatique. Ce plastique est un matériau ingrat, séduisant et repoussant. Ce sont des objets à garder dans un sac, parce qu'ils ont quelque chose de répugnant, de visqueux et de parfaitement impénétrable ; sans transparence.
Récemment, j'ai finalement, par le recul pris sur ces objets et par l'étude plus précise du travail de Peter Soriano, retrouvé à mon sens une certaine justesse perceptive difficile à saisir. C'est peut-être aussi le passage par l'analyse de l'abject chez Kippenberger et un rapport qui se rapprocherait plus du dégoût à l'égard de certains dessins de Brancusi, qui justifie ce regain d'attention. Le travail du plastique, comme celui de la paraffine, comme encore auparavant celui du verre, fut une expérience de la chaleur, passant du très chaud (60°C) de la pâte fondue dans l'eau bouillante au très froid d'un jet d'eau pour figer la matière.
Peu à peu avec le temps, ce plastique perd de son élasticité et devient cassant comme le verre. La pérennité garantie par le fabriquant s'est avérée fallacieuse. Jour après jour ces sculptures se fendent ou se brisent au moindre choc et elles se délitent par l'effet d'une pétrification inattendue.
Durant l'été 2008 j'ai définitivement détruit presque l'intégralité de cette série.